L’effectuation est un renversement de perspective sur la manière dont les entrepreneurs prennent leurs décisions et innovent. C’est une manière différente de mettre en place une stratégie dans une entreprise. C’est la chercheuse Saras Sarasvathy qui est à l’origine de cette nouvelle manière de concevoir la prise de décision et l’innovation des entrepreneurs.
Sa réflexion repose sur 5 principes simples que je vous propose de passer en revue successivement.
« Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras »
Traditionnellement, en stratégie, on définit un but à atteindre et on cherche le moyen d’y parvenir. On choisit la destination et on construit un itinéraire pour s’y rendre. Cette manière de faire nous semble la plus logique à suivre.
Pour Saras Sarasvathy, un entrepreneur fait autrement. Il regarde ce qu’il a entre les mains et à partir de cela choisit ses buts. Cette nouvelle approche inverse la méthode traditionnelle.
La démarche repose sur l’idée suivante : quels sont les effets possibles des moyens que j’ai à disposition ? Cette démarche repose sur l’optimisation d’un processus par itérations successives. Il est tout à fait acceptable que le succès ne soit pas au rendez-vous dès le premier essai.
Sur quels moyens les entrepreneurs peuvent-ils s’appuyer pour trouver de nouveaux buts ? Le premier moyen d’un entrepreneur c’est lui-même et sa personnalité qui vont lui permettre de trancher pour aller dans un sens plutôt que dans un autre. Le second moyen sur lequel, l’entrepreneur peut s’appuyer est son savoir et celui de ses équipes. Le troisième moyen est les relations que l’entrepreneur a su créer et sur lesquelles il va pouvoir s’appuyer.
« Raisonnement en perte acceptable »
Traditionnellement, un entrepreneur anticipe un résultat au moment de mettre au point sa stratégie : il a choisi sa destination. Dans le cadre d’une démarche basée sur l’effectuation, l’entrepreneur doit raisonner en terme de perte acceptable. Au moment de définir son objectif, l’entrepreneur doit raisonner en terme de risque maximal croyable. Si l’idée que je mets en oeuvre ne marche pas, quel est la perte maximale auquel je m’expose, en terme financier et temporel ? Le risque est mesuré et assumé dès le début du projet. La perte est anticipée mais pas le gain potentiel, qui est difficilement mesurable.
« Patchwork fou »
L’image du patchwork est celle d’un couturier qui assemble un ensemble de tissus qui n’ont a priori rien de commun mais qui, une fois liés forment un bloc cohérent. Ainsi l’entrepreneur ne sait pas, quand il commence son patchwork quels sont les éléments qu’il prendra et quelle forme aura son ouvrage une fois terminé.
L’idée est ici que l’entrepreneur est le centre d’un réseau de relations entre partenaires, fournisseurs, clients voire même des tiers. Ainsi, l’entrepreneur n’est plus dans la confrontation avec des concurrents, des clients, des fournisseurs mais dans une démarche de co-construction de ses produits et services. Cela lui impose d’être à l’écoute des remarques de ses clients sur ses produits et services. Il s’agit pour l’entrepreneur d’impliquer l’ensemble des parties prenantes de la chaine de valeur dans la création et la modification de ses produits.
De plus, cette démarche est de type gagnant-gagnant, notamment avec les clients qui ont des produits qui leurs conviennent au final mieux et l’entrepreneur qui s’assure un chiffre d’affaires.
« La limonade »
Les surprises, même dans la vie professionnelle sont une bonne chose. Les entreprises doivent savoir en tirer profit. Ainsi, il faut savoir saisir sa chance en remplaçant une idée par une autre, meilleure. Comme pour le patchwork, si un client vous donne une idée, saisissez la ! Il vous donne des citrons ? Faites de la limonade et allez la vendre !
« Le pilote dans l’avion »
Dans le cadre d’une démarche basée sur l’effectuation, il faut se passer des prédictions que l’on peut faire. Tenter de deviner l’avenir, ce que sera le marché demain est vain. Là encore l’effectuation renverse la logique des théories classiques. L’entrepreneur créé un nouvel univers et dès lors il ne peut prévoir ce qui se passera. Cette manière de voir est proche de celle d’Henry Ford qui a dit
Si j’avais demandé aux gens ce qu’ils voulaient, ils auraient répondu des chevaux plus rapides.
Enfin, la démarche est basée sur l’action et non plus sur l’analyse du passé. L’action est ici source d’apprentissage et les itérations successives modifiant un produit sont tout à fait normales. Will.i.am partage également ce type d’approche.
Et vous, pratiquez-vous ces préceptes ?
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6 réflexions sur « Les 5 principes de l’effectuation au service d’une stratégie innovante »